Martin Loken, ministre Affaires politiques, à l’ambassade du Canada, a participé à l’événement « Regard sur le Nord : Conférence sur la sécurité dans l’Arctique » du Conseil de l’Atlantique-Nord, organisée par le ministère de la Défense de la Norvège et l’ambassade royale de Norvège. Dans le cadre d’un débat d’experts sur le thème « Sécurité en évolution : comprendre les perspectives des alliés sur l’Arctique », M. Loken a expliqué que le Canada continue d’être présent, prêt et informé, et qu’il travaille avec ses alliés pour s’assurer que l’Arctique demeure une région de paix et de stabilité. Lisez son allocution complète ci-dessous. Bonjour mesdames et messieurs. Je suis Martin Loken, ministre (Affaires politiques) à l’ambassade du Canada. Oui, l’Arctique est différent et il subit des changements. Le Nord canadien se réchauffe environ trois fois plus vite que la moyenne mondiale. Cela rend l’Arctique plus accessible et crée des avenues de développement économique, mais cela crée aussi le potentiel de provoquer des dommages à des écosystèmes uniques. Et nous savons que des acteurs étatiques et non étatiques cherchent activement à servir leurs intérêts dans la région. Le changement climatique modifie également les cultures et les traditions des peuples qui y vivent depuis des siècles. Métis. Premières nations. Inuits. Les terres sont différentes lorsque vous en faites l’expérience à travers les yeux de ceux qui y ont vécu. Leur compréhension profonde de ces terres continue de guider nos efforts communs dans cette vaste région diverse et complexe. Ils connaissent ces terres. Ils nous apprennent comment y travailler. Ils nous montrent comment construire des igloos. Pendant des siècles, nous nous sommes émerveillés de l’ingéniosité de conception de l’igloo qui intègre des principes de physique et de thermodynamique pour créer un abri optimal contre les intempéries. Au cours de la dernière année, des représentants des forces armées de certains de nos alliés de l’OTAN et d’autres partenaires se sont rassemblés à Resolute Bay pour apprendre des tactiques de survie auprès des Rangers canadiens, y compris un cours intensif sur la construction d’igloos. Les igloos au Canada. Quel stéréotype, pensez-vous probablement! Sauf que, ils sont des outils de survie plus qu’importants. Ce sont des symboles de notre façon de concevoir l’Arctique. D’épais blocs de construction, faits en neige, qui sont biseautés, taillés et inclinés vers l’intérieur pour former une spirale parabolique. Les blocs s’appuient les uns sur les autres pour créer un abri sûr. Ils représentent les diverses composantes de notre sécurité, de notre protection et de notre défense dans l’Arctique, des composantes essentielles au vu de l’attention internationale croissante. Permettez-moi d’expliquer brièvement la nature de trois de ces « blocs ». Le bloc d’assise est notre présence persistante dans la région. Nous démontrons notre souveraineté en vivant dans nos terres nordiques et en y ayant des activités; ces terres représentent 40 % de la masse terrestre totale du Canada. Nos militaires disposent de plusieurs emplacements permanents dans l’Arctique, et les membres du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens sont nos yeux et nos oreilles dans quelques 44 collectivités et leurs environs. La Garde côtière canadienne appuie les interventions maritimes en matière de sécurité et protection, et de menaces environnementales. La Gendarmerie royale du Canada compte 61 détachements et trois quartiers généraux divisionnaires, et elle fournit une réponse initiale aux urgences et aux menaces à la sécurité nationale. Nous comprenons cependant les demandes supplémentaires qu’engendrera un Arctique plus accessible. Nous renforçons donc la présence que nous avons dans la région. Au-delà de cette présence, nous considérons comme impérative notre capacité à répondre aux défis en constante évolution de l’environnement arctique pour ce qui est de la sécurité ‒ le deuxième bloc de l’igloo. Tout au long de l’année, nos militaires mènent une série d’activités qui associent d’autres ministères et partenaires externes, ce qui améliore les réponses apportées conjointement aux incidents et urgences d’importance majeure. Ce travail continu est essentiel à la sécurité et protection, mais il ne représente qu’une partie de l’équation pour ce qui est de la capacité. Les hommes et les femmes qui travaillent dans l’Arctique doivent avoir l’équipement nécessaire pour protéger les intérêts du Canada. Nous serons prêts à affronter l’augmentation prévue du trafic sur nos voies maritimes du Nord. Ce faisant, nous nous efforçons non seulement de répondre aux événements dans la région, mais aussi de les prévoir et de les façonner. Le troisième bloc de construction que je vais décrire est la vigilance. L’Arctique canadien comprend 162 000 kilomètres, c’est-à-dire 75 % de la ligne de côte du Canada. Nous devons assurer le suivi des évolutions dans cette vaste région et les comprendre pour garantir que nous réagissons de manière appropriée. Un éventail de nouvelles capacités maritimes, terrestres, aériennes et spatiales va améliorer notre surveillance actuelle. En effet, plus nous voyons de choses, plus nous en apprenons, plus nous sommes préparés à intervenir. Trois blocs de construction ‒ présence, capacité et vigilance ‒ contribuent à sécuriser nos régions arctiques. J’ai toutefois omis la composante la plus importante. Après que tous les blocs de l’igloo sont en place, ils sont consolidés par une source de chaleur provenant de l’intérieur. Cela peut être réalisé rapidement par une flamme ardente, ou peu à peu par la chaleur du corps. Cette consolidation, cette fusion des composantes, représente l’aspect le plus important de notre façon d’aborder l’Arctique en transformation: la coopération. En nous engageant à coopérer, nous nous inspirons des traditions des collectivités inuites. Leur approche collective de la vie dans l’Arctique guide nos collaborations à l’échelle nationale et celles avec nos partenaires internationaux. Pour nous assurer que nous répondons ensemble aux demandes de ces terres en transformation, nous continuons de travailler avec nos partenaires du Groupe de travail du Conseil de l’Arctique sur la prévention des urgences, la protection civile et l’intervention; avec Forum des gardes côtières de l’Arctique; et avec l’Instance de concertation des Forces de sécurité dans l’Arctique. Au NORAD, nous travaillons avec les États-Unis à prévenir les menaces à l’encontre de nos approches nordiques et à les combattre. À l’OTAN, nous sommes déterminés à partager les informations entre les alliés et à rechercher des occasions de collaborer par le biais d’exercices et d’autres activités conjointes. Cette collaboration continue favorise le partage d’informations, améliore la connaissance de la situation et renforce les réponses à un large éventail de problèmes. Toutefois, nous ne relâcherons pas nos efforts à une époque de concurrence accrue entre acteurs étatiques et non étatiques dans la région. Nous continuerons d’être là, prêts, informés et unis. Nous maintenons notre engagement pour un Arctique pacifique. Encore une fois, merci, monsieur l’ambassadeur, d’avoir organisé cette importante discussion. Tusen takk!