Dans quelques années, il est fort possible que l’on considère que 2021 a été un point de basculement de l’action climatique mondiale. La pandémie de COVID-19 qui a frappé le monde en 2020 a ravagé les collectivités et les économies. Bon nombre de ces collectivités, déjà vulnérables aux effets du changement climatique, ont été contraintes d’affronter des incendies de forêt sans précédent, des événements météorologiques extrêmes, des inondations et de violentes tempêtes.
Lors de la mise sur pause de l’économie mondiale, nous avons aussi eu un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler une planète moins polluée. La qualité de l’air s’est améliorée pendant un certain temps dans les grandes villes, les émissions de carbone ont chuté (ne serait-ce que temporairement) et la baisse du bruit ambiant dans les océans a fourni un afflux de données sur les sons et les actions des populations de baleines et d’autres espèces marines dans le monde entier. Alors que nous nous efforçons de redresser l’économie mondiale, il est de plus en plus reconnu que nous devons le faire d’une manière qui respecte l’environnement et qui est climato-intelligente.
Le Canada a déjà commencé. En 2018, le gouvernement du Canada a publié le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques qui formule un plan sur la façon dont le Canada compte atteindre ses objectifs de réduction des émissions, assurer la croissance de l’économie et renforcer la résilience aux changements climatiques. En décembre 2020, le Canada a pris d’autres mesures avec le Plan pour un environnement sain et une économie saine qui annonce 64 nouvelles mesures et des investissements de 15 G$ pour honorer les engagements énoncés.
Cependant, nous comprenons aussi que si nous voulons lutter efficacement contre le changement climatique, nous devons travailler en partenariat avec d’autres – et d’abord avec nos amis les plus proches.
Au premier jour de son mandat, le président Biden a clairement indiqué que la lutte contre le changement climatique serait au cœur du plan de relance économique de son administration. Dans la Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis–Canada, convenue à peine un mois plus tard, le premier ministre Trudeau et le président Biden se sont engagés à accentuer l’ambition bilatérale de lutter contre le changement climatique. Depuis, nous avons lancé un dialogue ministériel de haut niveau sur le changement climatique qui contribuera à traduire ces engagements en progrès tangibles.
Alors, à quoi tout cela ressemble-t-il concrètement ? Pour célébrer le Jour de la Terre, voici trois façons par lesquelles le Canada et les États-Unis coopèrent pour combattre les changements climatiques tout en assurant la croissance de nos économies:
- Véhicules à émission zéro
Premièrement, nous travaillons à accélérer la transition vers les véhicules à émission zéro (VEZ). Dans ce cadre, nous renforçons le Plan d’action conjoint pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques entre le Canada et les États-Unis qui contribuera, entre autres, à la mise au point de batteries fabriquées en Amérique du Nord pour les VEZ. Nous travaillons en collaboration à l’établissement de normes rigoureuses pour les véhicules afin d’améliorer l’efficacité du carburant et de réduire les gaz à effet de serre. Nous créons des mesures incitatives pour que les consommateurs achètent ou louent un VEZ, en explorant comment utiliser le pouvoir d’achat de nos gouvernements respectifs pour accroître la demande, et en prenant des mesures pour investir dans les infrastructures qui sont nécessaires pour soutenir le déploiement à grande échelle des véhicules électriques.
Les avantages pour le climat sont évidents, mais il y a aussi des avantages économiques importants. Le Canada et les États-Unis ont l’un des réseaux de fabrication et de chaîne d’approvisionnement transfrontaliers les plus étroitement intégrés au monde. Le Canada et les États-Unis disposent de l’un des réseaux transfrontaliers de fabrication et de chaîne d’approvisionnement les plus étroitement intégrés au monde, lequel totalisait 86,4 G$US en 2019. Ce chiffre comprend à la fois les véhicules finis et les composants de véhicules qui, bien souvent, traversent à maintes reprises la frontière au cours du processus d’assemblage. Plus de 1,1 million de personnes – dont près de 85 % aux États-Unis – sont directement employées dans le secteur automobile. Des millions d’autres profitent indirectement de ce solide commerce transfrontalier.
- Infrastructure transfrontalière d’énergie propre
Deuxièmement, nous travaillons à augmenter la production et l’utilisation d’électricité propre. Au Canada, plus de 80 % de notre électricité provient de sources non émettrices, y compris l’hydroélectricité, et nous travaillons à augmenter ce chiffre à 90 % d’ici 2030. Le président Biden a récemment confirmé un objectif semblable: que les États-Unis réalisent un secteur énergétique sans pollution et carboneutre d’ici 2035. Au Canada, le gouvernement fédéral collabore avec les provinces et les territoires pour relier les régions du Canada qui ont une abondance d’hydroélectricité avec celles qui dépendent davantage des combustibles fossiles. De même, nous travaillons avec les États-Unis à faciliter le développement des infrastructures transfrontalières de transmission. Ces connexions contribueront à assurer un flux constant d’électricité propre entre nos pays, ce qui peut à son tour renforcer les formes intermittentes d’énergie renouvelable, augmenter la fiabilité du réseau et aider à atteindre nos objectifs climatiques – tout en créant des emplois. En 2019, les échanges commerciaux transfrontaliers en matière d’électricité étaient évalués à plus de 2,3 G$ US, ce qui apporte d’énormes avantages économiques à nos deux pays.
- Solutions fondées sur la nature
Finalement, nous investissons dans des solutions fondées sur la nature. Comme l’a noté le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), éviter une catastrophe climatique ne requiert pas seulement une transition énergétique, mais aussi un changement fondamental de la façon dont nous utilisons et valorisons la nature. Dans le cadre de la Feuille de route États-Unis–Canada, le premier ministre Trudeau et le président Biden se sont engagés à travailler ensemble aux efforts de restauration et de conservation de l’environnement. Les deux dirigeants se sont désormais engagés à conserver 30 % du territoire et des eaux de leur pays respectif d’ici 2030. Nos pays travaillent à réaliser un reboisement important; Au Canada, cela comprend un plan visant à planter 2 milliards d’arbres, en plus des 500 millions qui sont replantés chaque année dans le cadre des efforts de durabilité et de reboisement. Et nous explorons des moyens de soutenir nos agriculteurs et nos travailleurs agricoles. Par exemple, le programme canadien Solutions agricoles pour le climat (SAC), évalué à 185 M$, fait partie de l’engagement du gouvernement du Canada à soutenir les solutions climatiques axées sur la nature pour lutter contre les changements climatiques, au cours des dix prochaines années. Des deux côtés de la frontière, nous ne pouvons que tirer énormément parti de la coopération avec les peuples autochtones, les gouvernements infranationaux, les travailleurs et d’autres intervenants dans le cadre de cet effort.
Si 2021 est effectivement le point de basculement de l’action pour contrer les changements climatiques, la coopération canado-américaine donne sans contredit un élan à cette transition. Le 22 avril, le premier ministre Trudeau se joindra au président Biden au cours du Sommet des dirigeants sur le climat, alors que les deux pays annonceront leurs nouveaux objectifs d’émissions en vertu de l’Accord de Paris. Ce sont de petites étapes, mais importantes et coordonnées, qui aideront à faire en sorte que le Canada et les États-Unis continueront de s’attaquer aux causes et aux effets des changements climatiques, tout en faisant croître nos économies ensemble.